Cycle au Panthéon (printemps 2018)


Dans le contexte de l’intronisation de Simone et Antoine Veil au Panthéon, le 1er janvier 2018, le Centre des Monuments Nationaux a organisé une riche programmation culturelle autour de cette femme exceptionnelle que fut Simone Veil et de la thématique de l’engagement. Parmi ces événements, le Panthéon nous a fait l’honneur d’accueillir notre séminaire pour un cycle exceptionnel de trois conférences dédiées aux voix féminines de l’héritage littéraire français. Projet ô combien ambitieux quand on connaît la richesse, la diversité et la place majeure qu’occupent les femmes dans notre histoire littéraire.

Relevant le gant, les équipes de la Voix d’un texte ont concocté un programme bâti sur le temps long. Si la littérature du XXème est bien riche de grande voix féminines, nous nous sommes tournés vers le passé pour faire la démonstration, contre des représentations trop rapides, d’une histoire littéraire française traversée, soutenue, par des voix féminines de première importance. De la figure majeure de Christine de Pizan à l’aube du XVème siècle, à l’influente Germaine de Staël dans les tourbillons du siècle des révolutions, en passant par Madame de Sévigné, héraut du Grand Siècle, nous avons brossé le portrait d’une histoire littéraire façonnée par les femmes et s’adressant aux femmes. Pour nous guider dans ce voyage, 3 comédiennes et 3 professeures de renom nous ont fait l’honneur de leur présence et ont illuminé notre printemps.

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Le 28 avril 2018, Jacqueline Cerquiglini-Toulet (Sorbonne Université) et Juliette Rizoud (Théâtre National Populaire de Villeurbanne) ont ressuscité la voix magistrale de Christine de Pizan. Première femme à vivre de la plume, érudite de renom du XVème siècle français, Christine de Pizan a laissé une œuvre d’une richesse extraordinaire, où écrits politiques et philosophiques côtoient quelques-uns des plus grands poèmes de son époque. De la Cité des dames, cette utopie où règnent les femmes, à la mélancolie émouvante des poèmes amoureux des Cent ballades où l’auteure entend participer à l’éducation des jeunes filles, Jacqueline Cerquiglini-Toulet nous a montré la centralité des questions relatives à la femme et au genre dans son œuvre. Dressée contre les représentations misogynes de son temps et sans craindre d’attaquer les plus grands – de Boccace à Jean de Meung (Roman de la Rose) –, Christine de Pizan défend un renouvellement de la place de sa gent dans la société médiévale, au travers, par exemple, du droit à l’étude. Juliette Rizoud, dont les talents nous ont permis d’entendre cette langue ancienne qu’est le moyen français, a couronnée cette rencontre par une interprétation brillante et lumineuse.

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Le 26 mai 2018, Catriona Seth (Université d’Oxford, Université de Lorraine) et Elsa Lepoivre (Comédie française) ont porté sous le dôme Germaine de Staël. Comment ne pas être impressionné par cette femme – la plus connue d’Europe, selon ses contemporains ? Une femme brillante dont l’œuvre philosophique (comme les Lettres sur les ouvrages et le caractère de Jean-Jacques Rousseau) impressionna si fortement les esprits ; dont l’esprit, exercé dans un des salons les plus influents de Paris, et les positions politiques troublèrent jusqu’au repos de Napoléon qui l’exila loin de France ; dont les goûts littéraires, enfin, décidèrent en partie, avec le célèbre De l’Allemagne, de l’introduction du romantisme en France ! La place des femmes dans la société est ici encore au centre de cette riche œuvre où Germaine de Staël s’attache à exposer les contraintes sociales qui pèsent sur leurs existences (Delphine (1803), Corinne (1807)). A cette remarquable rencontre, il faut ajouter l’admiration devant l’intelligence et le talent de Catriona Seth et d’Elsa Lepoivre qui représentèrent avec brio cette figure magistrale.

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Le 9 juin 2018, Cécile Lignereux (Université Grenoble 3) et Sylvia Bergé (Comédie française) s’emparèrent de l’œuvre gigantesque de Madame de Sévigné. Journaliste du Grand Siècle, ses lettres, à l’issue d’une aventure éditoriale tumultueuse, nous informent sur le XVIIIème siècle français, de Paris à Grignan, de l’agitation de la Cour à la solitude du château des Rochers en Bretagne. Lettres après lettres, grâce au talent de Sylvia Bergé et à l’érudition de Cécile Lignereux, nous avons découvert l’intimité d’une grande dame, dans ses joies, ses aventures mondaines, ses passions… Du badinage de grand style à l’expression la plus émouvante d’un amour filial sans bornes, les lettres de Madame de Sévigné nous informent également sur la place des femmes sous l’Ancien Régime, et sur les mœurs et la vie de la noblesse à la cour du Roi Soleil. Encore une fois, un tel événement n’aurait jamais était ce qu’il fut sans le talent de Cécile Lignereux et de Sylvia Bergé qui illuminèrent cette après-midi.

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A l’issue d’une telle programmation, nous ne pouvons clore ce bel épisode de la Voix d’un texte sans adresser quelques importants et sincères remerciements :

M. David Madec, Administrateur du Panthéon, qui nous a accueilli avec tant de générosité et qui fait vivre avec passion ce beau monument ;

M. Edouard Bueno, Responsable de l’action culturelle du Panthéon, dont l’investissement, la rigueur et la profonde gentillesse ont permis la réussite de ce cycle et rendu cette expérience si plaisante ;

Mmes. Sylvia Bergé, Jacqueline Cerquiglini-Toulet, Elsa Lepoivre, Cécile Lignereux, Juliette Rizoud et Cécile Lignereux pour leurs brillantes interventions, et des rencontres dont nous garderons tous l’excellent souvenir ;

-aux équipes de l’ENS, toujours dévouées à la réussite de notre séminaire, et en particulier à Mme. Dorothée Butigieg (Directrice des études Lettres), à M. Jean Trinquier (Professeur au Département des Sciences de l’Antiquité), à Mme. Véronique Prouvost (Directrice du Pôle Communication), à Mme. Noëlle Aziz (Chargée des ressources numériques), à M. Julien Fournigault (Graphiste, à qui nous devons nos belles affiches)

et, bien sûr, à notre beau public, dont la fidélité et la confiance ont garanti la réussite de ce cycle. Soyez tous remerciés de votre présence et de votre sympathie : elle est le cœur de notre séminaire.

A très bientôt,

L’équipe de la Voix d’un texte


Cycle organisé avec et grâce à : Anne Bugner, Guillaume Frécaut, Nolwenn Guiban, Marion Messador, Delphine Meunier, Adèle Payen de la Garanderie et Nathanaël Travier

Photographie : © La Voix d’un texte (tous droits réservés)